Confiance et accompagnement m’ont permis de grandir

mai 2024

Le père Jesus, franco-vénézuélien, a été ordonné pour le diocèse de Toulouse en 2021. Sa formation s’est déployée sur six années de séminaire au Venezuela puis deux à Toulouse. Il relit ici son parcours de formation à la lumière de l’intention du Pape de ce mois.

En 2006 je suis entré au séminaire au Venezuela après avoir pris une année pour découvrir la vie au séminaire à raison d’une journée par mois. J’avais 26 ans et j’étais l’un des plus âgés car dans mon pays les séminaristes rentrent plutôt après la fin de la scolarité.
J’avais fait à 21 ans une expérience très forte de rencontre avec le Christ qui m’a conduit à me poser la question de lui donner ma vie dans le sacerdoce. Cette expérience m’a rendu tellement joyeux que j’ai souhaité partager cette joie avec une communauté qui cherche à vivre une proximité avec le Seigneur. La joie de l’Évangile est le moteur de ma vocation.

 

La fraternité, une dimension essentielle dans ce parcours de formation

Mais en arrivant au séminaire, je n’ai pas senti que cette joie à partager était le moteur de la formation qu’on me proposait.  Le rythme était très soutenu, les cours s’enchaînaient. Nous avions très peu d’autonomie et de liberté, le cadre était extrêmement strict et cela a été pour moi une véritable épreuve.
J’étais certainement en décalage avec le reste du groupe, plus jeune que moi, et qui avait besoin de cadre. J’ai cependant découvert une fraternité très forte qui m’a permis de traverser des épreuves. Je veux souligner l’importance de cette dimension communautaire dans la formation.

 

Être accompagné pour vivre le combat spirituel

L’accompagnement m’a permis de traverser de grandes crises spirituelles. Pendant un temps, j’ai douté de la présence du Christ dans l’Eucharistie, et je me disais sans cesse : toi tu peux te tromper mais Dieu ne peut pas te tromper, il t’a révélé son amour et ne peut le reprendre.
Mon accompagnateur m’a encouragé à venir régulièrement adorer Jésus dans le saint sacrement et peu à peu mes doutes se sont effacés.
Les événements dans mon pays nous ont obligés à prendre la décision en famille de venir vivre en France, et j’ai été accueilli au séminaire de Toulouse.
Là j’ai été vraiment heureux de trouver ce que j’attendais, un lieu où chacun est respecté dans son cheminement propre ; je me suis senti accompagné mais sans entraver ma liberté. J’ai senti une grande confiance de la part des formateurs.
L’apprentissage du français fut pour moi très laborieux. Cela m’a fait tellement souffrir que j’ai dû à nouveau traverser un combat spirituel car j’en voulais à Dieu de m’avoir trompé en me montrant ce que je cherchais sans pour autant pouvoir l’atteindre tant les difficultés de la langue me plombaient. A nouveau, l’accompagnement spirituel m’a permis de vaincre cet obstacle.

 

Une formation pastorale, pour que l’Évangile devienne crédible

Au Venezuela, j’ai été envoyé pendant deux ans dans les hôpitaux pour visiter les malades. L’état de délabrement des hôpitaux s’ajoutait à la détresse des malades face à laquelle je me sentais démuni. J’ai pu dépasser mes émotions mais je n’ai pas réussi à entrer en contact avec les enfants, leur souffrance m’a révélé mes limites et mes fragilités.
Cette expérience me rend aujourd’hui très sensible à la visite des malades. Quand nous visitons un malade au nom du Christ, c’est vraiment le Christ qui vient à lui.
A Toulouse, j’ai été en insertion pastorale dans une paroisse où se vit l’accueil des gens de la rue grâce à un groupe de laïcs. J’ai compris combien l’accueil est important ; au début ce fut très difficile pour moi, mais le curé m’a aidé. J’ai découvert combien il est important de connaître les prénoms des personnes, d’avoir soif de les rencontrer, de leur donner mon amitié, et cela  me guide aujourd’hui. « Est ce qu’il aime les gens ? » demande Mgr Aveline lorsqu’il parle de ses prêtres…
C’est par cette qualité de l’accueil que l’Évangile est rendu crédible.

Aujourd’hui je relis tout ce que mon parcours au séminaire a permis, comment je me suis construit. Mon désir de porter la joie de l’Évangile est bien là, c’est toujours elle qui me guide.

 

Père Jesus Ceretto
Propos recueillis par Claire Jeanpierre, Réseau Mondial de Prière du Pape en France

 

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