Dans le travail, retrouver le sens global de l’œuvre

mai 2025

Prions pour que le travail permette à chacun de s’épanouir, aux familles de vivre dans la dignité et à la société de devenir plus humaine.

Le travail humain est fondamentalement une bénédiction effective pour l’Homme et la Création. Cette scansion de l’offrande eucharistique l’atteste : « Tu es béni, Dieu de l’univers, toi qui nous donnes ce pain, fruit de la terre et du travail des hommes ; nous te le présentons, il deviendra le pain de la vie. Tu es béni, Dieu de l’univers, toi qui nous donnes ce vin, fruit de la vigne et du travail des hommes, nous te le présentons, il deviendra le vin du Royaume éternel. » Par le travail, nous pouvons accomplir notre vocation d’être humain, appelé à devenir enfant de Dieu. Notre travail n’est certes pas tout mais il est requis pour que cette transformation à laquelle l’humanité, la Création sont appelées, puisse advenir. Le corps du Seigneur pain de vie et vin du Royaume éternel requiert le travail de l’Homme pour que la vigne et le blé deviennent vin et pain…

Mais les conditions pour que cela se fasse importent et notamment les conditions du travail. Pour notre pays, il est bon de prendre la mesure du charivari qui se vit actuellement et qui nous demande de reconsidérer les modes de travail actuels et, peut-être, de redécouvrir l’enjeu du métier. Il semblerait qu’il y ait eu, ces quatre dernières années, un tiers des Français qui ont changé de voie professionnelle1. Et de la même manière, ces grands changements conduisent à une profonde évaluation de la valeur du métier2. Le travail doit d’abord permettre l’épanouissement de celui qui travaille. De cet épanouissement découleront aussi la vie heureuse de la famille dans la dignité et le développement d’une société plus humaine.

Une piste pour que le travail permette un véritable épanouissement de chacun consiste à redécouvrir les métiers. Alors que dire du métier ? Et en quoi il s’oppose aux manières actuelles d’organiser le travail. Le métier implique toujours un certain rapport direct et situé à la nature, dans un véritable dialogue avec elle. Prendre ce chemin demande de renoncer aux normes qui modélisent a priori la manière de travailler pour tous et éloignent le travailleur de l’interaction directe avec la nature, à partir de laquelle il devrait poser des choix. Il s’agit, pour le travailleur, d’uniquement respecter les normes d’une solution posée a priori.

Ce chemin d’épanouissement par le travail demande également de renoncer à la fragmentation de la production avec des bouts de travail préparatoire ou de production faits aux quatre coins du monde par des personnes ne voyant pas les tenants et aboutissants. La fragmentation peut réduire les coûts certes mais dépossède chacun du sens global de l’œuvre, ramenant le travail à un apport sans véritable finalité de son énergie pour une certaine durée, vide de tout achèvement.

Saisissons-nous de toute occasion de laisser advenir ce mode de travail porté par un métier. Alors, même dans la pénibilité, la précarité, il deviendra source d’épanouissement personnel, de dignité des proches et d’humanité pour tous.

Jean Luc Fabre sj., directeur du Réseau Mondial de Prière du Pape France

 

1 « Il n’y avait plus d’humain » : les Français de plus en plus nombreux à changer de métier | TF1 INFO

2 Les diplômes ont-ils perdu de leur valeur ?

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