Être actif pour mieux se comprendre et mieux dialoguer

août 2025

Dans le cadre de son activité professionnelle, Paul Garcia intervient dans des quartiers populaires d’habitat social dans la région lyonnaise, en vue de favoriser le dialogue entre les habitants et l’organisme HLM qui les logent. Si la cohabitation est souvent perçue comme difficile, des chemins de dialogue et des solutions sont concrètement possibles.

Dans quel contexte intervenez-vous auprès des habitants et des organismes ?

Lorsque j’aborde mes missions auprès des habitants, je perçois souvent de la colère et de la défiance à l’égard de l’organisme HLM qu’ils tiennent souvent pour responsable de certaines de leurs difficultés. Colère qui s’exprime aussi envers certains voisins, du fait d’incivilités subies.

Lors d’une mission récente, j’ai fait ce constat. Les difficultés étaient réelles : refoulement des eaux usées dans des logements, rats qui envahissent les espaces poubelles, porte de garage qui menace de tomber, etc. Sans compter les comportements de certains voisins très problématiques : jet de déchets par la fenêtre, ou posés dans des sacs au pied plutôt que dans les poubelles collectives, fleurs arrachées sitôt plantées…

 

Quels chemins concrets avez-vous ouverts pour progresser dans la voie du dialogue ?

Pour mieux se comprendre et mieux dialoguer. Nous avons par exemple organisé une réunion avec trois référents de l’organisme HLM et trois référents des locataires. L’un des sujets était de parvenir à bien comprendre qui fait quoi, qui décide de quoi, et qui contacter au sein de l’organisme HLM, pour avoir des réponses et progresser vers des solutions.

A l’issue de la réunion, j’ai rendu grâce pour les fruits de cette clarification : un état d’esprit de paix, voire de joie, animait les six personnes, avec le désir de mieux dialoguer et agir ensemble. Je me percevais comme témoin de la dynamique de la Création à l’œuvre  (Genèse 1) : nommer pour que chaque fonction soit clairement à sa place, ordonnée, en harmonie. Passer ainsi en quelque sorte du « chaos » au « cosmos », et se réjouir, comme Dieu, à l’issue du sixième jour : c’était très bon !

Pour améliorer la gestion des déchets. L’organisme HLM voulait rassembler les poubelles dans un local fermé, avec une clef remise à chaque locataire, selon une procédure de récupération des clefs qu’il estimait efficace. Mais deux mois après, plusieurs locataires n’avaient toujours pas récupéré leur clef et le local ne pouvait être fermé. Les trois locataires référents ont alors souhaité simplifier la procédure, en proposant de s’y impliquer. Après négociation, la procédure a été modifiée et a abouti.

J’ai alors contemplé comment l’expertise du quotidien des locataires avait fait merveille, et comment les référents de l’organisme HLM l’avaient reconnue et prise en compte. J’avais à l’esprit cette rencontre entre la femme Cananéenne et Jésus, leur dialogue (Matthieu 15), jusqu’à une reconnaissance mutuelle.

Faire ensemble du beau et agir pour prévenir des dégradations. Les locataires ne souhaitaient pas renoncer à embellir les espaces extérieurs, tout en agissant pour prévenir des dégradations. Avec les trois locataires référents, nous avons organisé un temps festif et éducatif de plantations de fleurs, avec les enfants de la résidence : faire ensemble du beau et respecter leur œuvre de plantation.

J’ai été touché par ce moment où des adultes faisaient le choix de la confiance plutôt que de la suspicion, pour accueillir et encourager les enfants à bien agir. Pas de naïveté, mais le pari de croire en eux. Comme Jésus (Marc 10) interpellant ses disciples : « Laissez les enfants venir à moi, ne les empêchez pas. »

 

Comment recevez-vous cette intention de prière du Pape ?

Elle est belle et vivifiante cette prière du pape : une invitation à nous mettre à l’école d’Elie (1 Rois 19), sans savoir d’avance où et comment l’Esprit est déjà à l’œuvre, avant nous. Cette prière est pour moi un appel à regarder l’autre comme un enfant de Dieu, ayant reçu le don de participer à la Création toujours à l’œuvre. Un appel à ne pas céder à la tentation du découragement, car la tentation de l’affrontement n’est-elle pas, au final, qu’une manifestation du découragement ? Mais plutôt être actif, tout en restant en veille de la brise légère du Seigneur, de son esprit de concorde, sûr qu’il va passer, que le Christ est vraiment ressuscité et qu’il est avec nous chaque jour, jusqu’à la fin du Monde (Matthieu 28,20).

 

Propos recueillis auprès de Paul Garcia par le Réseau Mondial de Prière du Pape France

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