Mettre en œuvre les moyens d’une cohabitation pacifique
août 2025
Prions pour que les sociétés où la cohabitation est difficile ne succombent pas à la tentation de l’affrontement pour des motifs ethniques, politiques, religieux ou idéologiques.
Pour ne pas succomber à la tentation de l’opposition puis de l’affrontement au sein de nos sociétés, il est nécessaire de travailler à reconnaître nos différences, à les concilier et même à les unir afin d’arriver à inventer de nouvelles voies du vivre ensemble. Quatre chemins s’offrent alors à nous :
- Maintenir une tradition d’ouverture
- Faire évoluer le système de régulation de la société
- Faire face à la situation commune en prenant en compte l’autre
- Tenir une promesse dans la durée
Au quotidien, une culture commune de la rencontre peut nous relier et nous unir. Sarajevo a vécu durant plusieurs siècles sur ce modèle avec des populations diverses : croates catholiques, serbes orthodoxes, juifs (Sarajevo a compté sept synagogues) et bosniaques musulmans. Avant le conflit des années 1990, la tradition commune demandait de partager les fêtes religieuses et les événements familiaux avec ses voisins, en prenant en compte des règles strictes de réciprocité ce qui permettait d’établir un vivre ensemble.
Le droit peut également jouer un rôle significatif en maintenant la conciliation des principes fondateurs tout en s’adaptant aux évolutions de la société. Depuis quelques décennies, en Europe, une notion nouvelle, celle du vivre-ensemble, contribue à la conciliation de tous et régule souplement la manière dont chacun peut s’habiller dans l’espace public.
Des accidents naturels, affectant une partie de la population, peuvent conduire à unir des personnes éloignées comme ce fut le cas en Suisse. Dans le Haut Valais, en octobre 2000, des intempéries avec la crue violente du Rhône provoquèrent des inondations et des éboulements qui affectèrent plusieurs dizaines de communes, faisant seize victimes et nécessitant l’évacuation de plusieurs milliers d’habitants. La solidarité habituelle des suisses permit que plus de la moitié des frais de reconstruction, non pris en charge par les assurances, soit compensé par la générosité de tous les citoyens helvètes.
Une autre voie est celle de l’homme prophétique qui annonce un avenir et en maintient la promesse par sa parole incarnée. Nelson Mandela fut l’un d’eux. Ses nombreux discours prennent leur source dans sa déclaration lors du procès de Rivonia. Le 20 avril 1964, il y rappelle les motivations de son engagement politique. « Au cours de ma vie, je me suis consacré à cette lutte des peuples africains. J’ai combattu contre la domination blanche et j’ai combattu contre la domination noire. J’ai chéri l’idéal d’une société libre et démocratique dans laquelle tout le monde vivrait ensemble en harmonie et avec des chances égales. C’est un idéal pour lequel j’espère vivre et que j’espère accomplir. Mais si nécessaire, c’est un idéal pour lequel je suis prêt à mourir. » Cette lumière allumée et maintenue allumée permettra finalement la cohabitation au bout de plusieurs décennies.
Ces divers moyens sont à notre disposition, prenons en conscience et sachons les mettre en œuvre à notre mesure. Agir ainsi repousse en nous la tentation de l’affrontement.
Jean Luc Fabre sj., directeur du Réseau Mondial de Prière du Pape France