Le Cantique de St François, une invitation à se connecter à toute la Création
septembre 2025
Philip, priant du Réseau Mondial de Prière du Pape, nous partage la manière dont il reçoit cette intention de prière, en s’arrêtant plus particulièrement sur les mots Inspirés du Cantique des Créatures de Saint François.
Philip, comment recevez-vous cette intention de prière du Pape ?
Dans cette prière, j’aimerais effectivement être inspiré par Saint François, qui a lui-même suscité chez le pape François un texte très fort, l’encyclique Laudato Si’.
L’interview du frère franciscain Frédéric Marie Le Méhauté 1 nous donne de très belles pistes de méditation pour mieux goûter cette intention de prière.
La première chose qui me touche dans cette intention, c’est l’ouverture à toutes les créatures. Quelle générosité là-dedans ! Notre sœur la lune, notre frère le loup, et bien sûr nos frères les Hommes, en particulier tous les défigurés de la lèpre, de la pauvreté, de la maladie. Là où nous voyons des ennemis, nous pouvons voir des frères. Toute la création est fraternelle, elle nous est donnée à contempler.
Qu’est-ce que vous évoque le terme « interdépendance », au cœur de cette intention ?
Le Pape nous demande de faire l’expérience de l’interdépendance, alors que le monde nous convie à devenir de plus en plus autonomes. Il existe une autonomie qui nous éloigne de Dieu et nous sépare des créatures, asséchant nos relations humaines comme nous rendons la terre stérile.
À l’inverse, le Cantique des Créatures nous révèle que la dépendance peut faire grandir.
Saint François loue des éléments sur lesquels nous n’avons pas la main, la lune ou notre mort corporelle. La vie nous échappe et cet abandon nous conduit à nous désapproprier de nous-mêmes dans une attitude de mains ouvertes. Dans une maraude par exemple, ne pas partir de nos bons sentiments mais demander au sans-abri de nous donner ce qui nous manque. L’interdépendance, c’est ne pas partir de nous. On ne peut pas être heureux tout seul. Nous avons besoin de nous désapproprier de nous-mêmes, de passer de la possession à l’interdépendance.
Apprendre à ré-habiter le temps aussi : c’est dans le temps long qu’advient ce qui porte du fruit. L’accélération du temps dans nos sociétés dites modernes nous éloigne d’une relation aux autres comme à la création tout entière, qui prend toujours du temps pour être profonde et respectueuse de chacun. Apprendre à goûter le temps pour retrouver le goût des autres.
Vous êtes sensible aux propos du frère franciscain et notamment quand il partage sur la souffrance et la louange…
Il est étonnant de se rendre compte que Saint François a écrit sa louange à partir de la souffrance que lui procurait la maladie de ses yeux.
Et pour nous, réciproquement, la prière de Saint François nous fait approcher toutes les souffrances et les fragilités de notre « maison commune ». Le cheminement franciscain nous fait partir de la louange, de la contemplation de ce qui est en train de se jouer, pour aboutir à l’action et au partage avec tous les « autres ».
Si je suis attentif à toutes les créatures, même les plus insignifiantes, aucun des gestes que je fais pour elles n’est insignifiant. Faire un geste simple avec tout son cœur.
Pour nous aider à découvrir le Cantique des Créatures, qui fête ses 800 ans cette année, écoutons les paroles du frère franciscain Frédéric-Marie Le Méhauté :
Propos recueillis auprès de Philip Persil, Réseau Mondial de Prière du Pape France