La prévention du suicide avec le prophète Élie : 1ère partie
novembre 2025
PARCOURS BIBLIQUE : 1ère PARTIE

Quand la grâce vient à la rencontre de notre humanité souffrante :
1er livre des Rois : 1R 19, 4
Sentir la gratification est un désir enfoui en chacun de nous. Parfois nous nous sentons sans force après avoir tout donné, surtout sans reconnaissance en retour. Ce mois-ci, nous allons faire un chemin de Kénose avec le prophète Élie. Chemin de Kénose car, la grâce, telle la pluie ne peut que descendre pour faire croître la semence. Nous verrons donc commence la Grâce a choisi de descendre sur le prophète Élie pour le porter plus loin. Élie, comme nous le savons tous, a traversé le découragement et l’incompréhension : tout ce qu’il faut pour ne plus continuer, pour ne plus vouloir aller de l’avant.
ÉPISODE 1 : du 1er au 8 novembre 2025
Lui-même s’en alla au désert, à une journée de marche. Y étant parvenu, il s’assit sous un genêt isolé. Il demanda la mort et dit: « Je n’en peux plus ! Maintenant, SEIGNEUR, prends ma vie, car je ne vaux pas mieux que mes pères. » 1R 19,4
Nous entrons dans le vif du sujet avec ce désir bien exprimé du prophète. Dans les chapitres 17 et 18, nous avons vu que le prophète était témoin agissant pour redonner la vie, au nom du Seigneur, au fils de la veuve de Sarepta (Chap 17, 17-24 🙂 et défenseur de la cause du Seigneur face à l’idolâtrie (Chap 18, 20-40 : confrontation avec les prêtres de Baal).
Voilà que notre Prophète se retrouve au désert ; il est sans espoir. Celui qui « a fait » tomber la pluie est dans un lieu sans eau. Celui qui a redonné vie au fils de la veuve est dans un lieu sans vie… Disons que ce tableau de la vie du prophète incarne notre humanité parfois sans goût à nos yeux. Une humanité qui ne voit plus la grâce se pointer à l’horizon : la nuit de la foi ? Libre aux lecteurs de répondre. Mais nous ne pouvons pas nous voiler la face devant cette réalité qui est une représentation de la condition humaine. Ne ressent-il pas cette absence de Dieu, comme ce sera également le cas plus tard de Mère Teresa ? Certes ce doute n’est pas un manque de foi, mais une expérience douloureuse de la présence-absence de Dieu : « Je n’en peux plus ! Maintenant, SEIGNEUR, prends ma vie, car je ne vaux pas mieux que mes pères. »(1).
Malgré le manque de Goût, malgré le doute, il croit encore, car il s’adresse encore à Dieu, malgré son absence… Sa descente n’a pas été la fin du chemin mais le début d’une nouvelle page. Certes quand nous sommes au fond de la vallée, croire est difficile mais la foi reste… Oui le croyant souffrant, me semble-t-il, est celui qui parle à Dieu ou même de Dieu, parfois même dans un monologue… Seul face au SEUL…
(1) 1R 19, 4
Questions :
👉 Et moi suis-je prêt à continuer à m’adresser à Dieu malgré mes souffrances et son silence ?
👉 Suis-je prêt à rester « éveillé » aux signes qu’Il m’envoie malgré mes souffrances aveuglantes ?
ÉPISODE 2 : du 9 au 15 novembre 2025
Nous continuons notre belle aventure avec le prophète Élie. Belle aventure car elle dit quelque chose de notre nature humaine. Cette semaine nous allons nous arrêter sur ce que nous appelons l’itinéraire recalculé.
Rappelons que le nom Élie signifie « le Seigneur est mon Dieu » ; un « nom-programme » n’est-ce pas ?
Au cours de la semaine, nous allons voir comment, dans ce moment de nuit et de désespoir, le sens de son nom entre en jeu et fait recalculer l’itinéraire de son parcours…
Dans le verset 4 du chapitre 19, le prophète est allé jusqu’à demander la mort. Plusieurs l’ont fait dans la Bible, plusieurs prophètes ont tenu ce propos [1] dans des circonstances variées mais presque similaires : situation d’épuisement, incompréhension, rejet… Mais ils n’ont pas détourné la face du Seigneur Dieu.
On voit bien qu’Élie traverse une solitude, un abandon qui lui donne le « goût » de la mort. Rappelons qu’il traverse l’épreuve de la foi sans perdre l’horizon final, l’assise existentielle de sa vie, la source qui reste lorsque tout finit : le Seigneur. Il ne demande pas sa mort à la « mort » mais bien évidement au Seigneur qui est « son Dieu ».
Cette demande avec son goût presque amer, va redonner vie à une vie perdue dans le désert. C’est dans les ténèbres que la petite lueur a valeur d’or, c’est dans les épreuves que le silence de Dieu peut devenir acte de foi, lieu de découverte d’un Dieu autre que celui de nos certitudes. Mais Dieu dans nos faiblesses se fait présence. Présence par l’inhabituel, présence à travers des frères. Il se fait présent par des Anges[2].
5 Puis il se coucha et s’endormit sous un genêt isolé. Mais voici qu’un ange le toucha et lui dit : « Lève-toi et mange ! »
6 Il regarda : à son chevet, il y avait une galette cuite sur des pierres chauffées, et une cruche d’eau ; il mangea, il but, puis se recoucha.
7 L’ange du SEIGNEUR revint, le toucha et dit : « Lève-toi et mange, car autrement le chemin serait trop long pour toi. »
8 Élie se leva, il mangea et but puis, fortifié par cette nourriture, il marcha quarante jours et quarante nuits jusqu’à la montagne de Dieu, l’Horeb.
Ici ce qui est frappant c’est l’attitude du prophète. Son obéissance à la réalité. Dans son épreuve, voilà que l’itinéraire se recalcule avec la visite inattendue de l’Ange. Nous voulons croire qu’aujourd’hui encore, il y a des ange en nous, ou mieux des anges autour de nous qui nous présente le repas de la part du Seigneur dans nos épreuves. « Lève-toi et mange ! ». Nous pouvons voir dans ces mots simples cet appel de Dieu à la vie ! Même dans la nuit la plus obscure, je veux croire que Dieu m’envoie des Anges, je veux croire que Dieu t’envoie des anges… Le retour de l’ange est extraordinaire : « Lève-toi et mange, car autrement le chemin serait trop long pour toi. » Voilà qui est dit ! Même si nous pensons qu’il n’y a pas d’issu, je veux croire qu’il y a encore du chemin à faire ; je veux croire que le Chemin est long. Alors Prenons le pain et l’eau que nous donne l’Ange que le Seigneur nous envoie ! Même si notre réponse est un soupir – sans savoir vraiment si nous avons faim – ou un oui quoique peu résolu, osons saisir l’opportunité d’une visite et d’un festin dans notre désert, dans notre condition de sans abri, sans protection… Acceptons cet honneur quoique difficile et incompréhensif : « Lève-toi et mange, car autrement le chemin serait trop long pour toi ».
[1] Nombres 11,14-15 ; Job 3,1-3 ; 3,11 ; 7,15-16 ; 10,18-19 ; Jonas 4,3 et 4,8 ; Jr 20,14-18 ; Philippiens 1,21-24 (il s’agit ici du désir de s’unir au Christ dans sa splendeur)
[2] Nous voulons dire par Anges des messagers de Dieu
Questions :
👉 Suis-je prêt à accepter mon itinéraire « recalculé » pour aller loin avec le Seigneur malgré « son silence » apparent ?
👉 Suis-je capable de prendre « le pain et l’eau » que l’Ange m’apporte afin d’avoir la force de continuer la marche ?
👉 Peut-être ai-je aussi à offrir un pain de douleur, d’incompréhension ou d’incertitude … ? Lequel ?
fr. Délas Stanislas Agbohouto
