Devenir semence de paix, un cheminement intérieur

Prions pour que les chrétiens qui vivent dans des contextes de guerres ou de conflits, en particulier au Moyen-Orient, soient des semences de paix , de réconciliation et d’espoir.” 

Un chemin humanisant est toujours précédé par une transformation intérieure. Cela se perçoit tout particulièrement dans le basculement à vivre, quand, en zone de conflit, le chrétien est appelé à devenir semence de paix. L’eau de la réconciliation doit alors se rassembler en lui comme dans une grande vasque, avant de déborder généreusement vers l’extérieur.

À priori, la volonté, ne peut y réussir à elle seule, comme l’attestent les témoignages recueillis auprès des chrétiens confrontés à la guerre, en Ukraine et au Proche-Orient. Cela passe d’abord par un combat intérieur, dont nous ne sommes jamais assurés de la victoire, du fait de l’attente préalable d’une ouverture ou d’une réconciliation en nous.

Ce cheminement nous demande donc de mobiliser tout notre être et en premier lieu, sa dimension sacerdotale, puis sa dimension prophétique et enfin sa dimension royale, en allant ainsi du plus profond de soi-même au plus extérieur de la situation vécue.

1. L’être sacerdotal, c’est cette partie profonde de moi qui reçoit la vie du Seigneur, la goûte et la lui offre. Je reconnais ainsi que je vis de ma relation au Seigneur et que mon action (royale) découle de cette relation première. Lorsque je mobilise cette partie en moi-même, une dimension créatrice et généreuse voit le jour. Je puis alors donner, comme la source qui coule et donne généreusement sans retour. Parce que je tisse avec le Seigneur et le Père une relation première qui me donne de voir le monde et ses conflits porté par l’amour trinitaire, je peux alors aller en paix et en frère dans le monde.
2. L’être prophétique peut ensuite se mobiliser. Il donne de parler justement à l’autre au moment qui convient. Cela inclut parfois de savoir attendre longuement dans une patience offerte, afin que l’autre puisse devenir disponible à ma parole. C’est bien ce que vivent actuellement les Chrétiens impliqués dans l’amitié judéo-chrétienne. Ils sont présents à leurs amis juifs, loin de tout jugement, pour aider au cheminement qu’ils ont à vivre [1] après l’abomination de Gaza. Pour toucher la liberté intérieure de l’autre, la parole prophétique doit pouvoir lui parler au bon moment, dans son vécu…
3. Puis, l’être royal est là pour consolider le début d’entente entre les deux personnes. Il faut travailler avec l’autre, dans le respect et la fraternité, pour s’ouvrir à une cohabitation commune, pour partager et arriver à construire un avenir commun.

Que ce temps de l’Avent qui s’ouvre à nous, conforte en chacun cette aptitude à devenir semences de paix en toute situation !

Jean Luc Fabre sj., directeur du Réseau Mondial de Prière du Pape France

[1] Mardis d’éthique publique – Une parole chrétienne est-elle possible sur Gaza ? | Facultés Loyola Paris Mme Muriel de BERTIER, service national pour les relations avec le judaïsme (conférence des évêques) atteste de cette attitude dans la soirées des Mardis d’éthique publique consacrée à la possibilité d’une parole chrétienne sur Gaza.