Accompagner et aider au discernement

juillet 2025

« Et ils se dirent l’un à l’autre : « Notre cœur ne brûlait-il pas en nous tandis qu’il nous parlait en chemin et nous ouvrait les Écritures ? » » [Luc 24, 32]. C’est ainsi que les pèlerins d’Emmaüs relisent leur rencontre avec Jésus sur le chemin qui les éloigne des évènements de Jérusalem qui les ont rendus tristes, après qu’ils l’aient reconnu à la fraction du pain.

 

Être serviteur de celui qui veut développer sa liberté spirituelle dans ses choix devant Dieu

Les personnes que je reçois pour les accompagner viennent relire devant moi une page de leur vie et de leur prière, leurs joies, leurs difficultés. J’essaie d’être à l’écoute de leurs mouvements intérieurs quand une parole les rejoint, une parole de l’Écriture, une parole d’un proche, au cours d’un événement, d’une rencontre. Il s’agit de repérer ce qui surgit en elles, ce qui donne un surcroît de vie ou d’amour ou au contraire ce qui accroît le doute, le découragement, la rancœur.

 

Apprendre à relever ce qui donne de la vie

Je vois Monique[1] depuis une dizaine d’années. Elle très soucieuse et désireuse d’être bien avec le Seigneur, de faire sa volonté. A la retraite depuis longtemps déjà, elle me parle de ses difficultés de couple, de la vie de ses enfants pour qui elle se fait beaucoup de soucis.  Elle souffre de ce que ses enfants et petits-enfants ne pratiquent pas. A chaque fois, quand elle arrive, c’est la catastrophe, la vie est trop dure, elle n’arrive plus à prier, en tous cas pas comme il faudrait… Elle a bousculé fortement son mari, vécu encore un deuil, une séparation chez des amis, la maladie…

Puis au fur et à mesure qu’elle parle, son visage se détend et ses yeux s’éclairent : elle se rend compte de l’énergie et de la foi d’une de ses filles au cœur de sa maladie, de l’entente fraternelle entre ses enfants. Au cours d’une eucharistie, elle a entendu la parole de Jésus « J’ai soif ! » et l’a reçue comme un cadeau qu’elle revisite souvent. Elle a la joie de recevoir le sacrement de réconciliation régulièrement. Au sein d’un groupe de personnes chrétiennes pas faciles à vivre et à soutenir, elle s’est rendue compte que le Seigneur lui donnait d’aimer ses frères et sœurs comme ils étaient. Elle goûte la chaleur d’une amitié féminine, accompagne une autre amie jusqu’à la fin de sa vie en s’émerveillant de son chemin. Au fur et à mesure des rencontres, elle apprend à relever ce qui lui donne de la vie et de la joie et à en rendre grâce, même si c’est une seule chose au cours de la journée. Elle prononce le mot de « consentir » à ce qui est, elle voit bien qu’un chemin de paix peut s’ouvrir, elle en fait la demande à Jésus.

 

Se rendre compte que l’amour s’est agrandi…

Monique avance en âge et développe une maladie du sang qui l’affaiblit. Son mari vieillit aussi et des aides soignantes viennent pour lui à la maison. La vie est bien précaire, au jour le jour. Puis elle tombe et se casse le col du fémur. A son retour de la maison de rééducation, je suis venue la voir chez elle. Elle me raconte la gentillesse et la délicatesse de l’aide-soignante, la disponibilité de sa fille qui a pris la maison et son père en main.

Elle se laisse faire, elle se laisse aimer et me déclare, une lumière dans les yeux : « L’amour s’est agrandi ! » Je crois bien que mon cœur était tout brûlant !

 

Sophie Drouot, pour le Réseau Mondial de Prière du Pape France

[1]Le prénom a été changé

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