De l’Égypte à la Terre Promise, un cheminement vers l’interdépendance 2

septembre 2025

 

ÉCLAIRAGE BIBLIQUE : 2ème PARTIE

Deutéronome : Le chemin des Hébreux de l’Égypte à la Terre Promise.

À vrai dire, se nourrir et avoir un toit sont les deux grands besoins de l’homme. Ils sont des lieux anthropologiques profonds d’où émergent tous nos gestes d’humanisation. Le Deutéronome, 5ème libre du Pentateuque, retrace ce chemin d’humanisation parcouru par les Hébreux, de la terre d’esclavage en Égypte, à la terre promise, Israël. Les étapes traversées conduisent l’Israélite à s’unir plus profondément à son Dieu au quotidien, grâce à l’histoire vécue par ses pères, à l’interdépendance pleine avec la nature, l’étranger, le lévite, dans la reconnaissance et le partage.

👉 À notre tour, prenons ce chemin et repérons, dans notre propre existence, des étapes vécues similaires. Après ce passage du Deutéronome, nous pouvons répondre pour nous-même aux questions et entrer dans un dialogue avec le Seigneur, comme un ami parle à son ami.

 

ÉPISODE 3 : du 15 au 21 septembre 2025

 

Dt 8.03 « Il t’a fait passer par la pauvreté, il t’a fait sentir la faim, et il t’a donné à manger la manne – cette nourriture que ni toi ni tes pères n’aviez connue – pour que tu saches que l’homme ne vit pas seulement de pain, mais de tout ce qui vient de la bouche du Seigneur ».

 

La situation évolue, la subsistance n’est plus assurée, plus de relation de servitude, plus d’échange strictement commercial, la crue nudité du désert. Une nouvelle alimentation survient, inconnue, mais qui renvoie au sens profond de la nourriture : la manne. Je ne mange pas que par mon travail d’esclave ou par l’échange commercial. Mais je mange parce que quelqu’un me donne à manger gratuitement dans une relation entre lui et moi qui est appelée à s’approfondir. Manger nourrit mon corps mais peut me mettre aussi en relation avec l’Autre, avec les autres. La parole du Seigneur me fait vivre, alors qu’aucune parole ne m’était adressée en Égypte ou au pays de Hesbon.

Question : 👉 Après avoir éprouvé le bien-être de la relation entre le Peuple et son Seigneur, même si elle n’est apparemment qu’à sens unique, je peux me souvenir de moments où j’étais très pauvre et où une présence, une attention gratuite m’a fait un grand bien. Je revis ces moments, ce que ce souvenir peut m’apporter aujourd’hui.

 

ÉPISODE 4 : du 22 au 30 septembre 2025

 

Dt 26 10-11 « Et maintenant voici que j’apporte les prémices des fruits du sol que tu m’as donné, Seigneur. » Ensuite tu les déposeras devant le Seigneur ton Dieu et tu te prosterneras devant lui. Alors tu te réjouiras pour tous les biens que le Seigneur ton Dieu t’a donnés, à toi et à ta maison. Avec toi se réjouiront le lévite, et l’immigré qui réside chez toi ».

 

Le peuple est maintenant sur sa terre. Il produit par lui-même et pour lui-même sa nourriture. Et un geste nouveau lui est proposé : Offrir ! Offrir les prémices au Seigneur à Celui qui lui a donné, qui lui donne et qui œuvre avec lui. Offrir pour donner de lui-même, donner largement, pas de son surplus mais de son nécessaire. Un geste prophétique, en attente d’une autre réalité. Une démarche libre qui prend appui sur l’histoire vécue et relue, une démarche de confiance dont les prémices sont les premiers fruits d’une récolte à venir… Et là je sens dans mon geste comment tout se tient : mon Seigneur, la nature, le travail passé, les autres humains à côté de moi, proches ou lointains… Je sens la relation entre tous, je sens, là, le vrai bonheur…

Question 👉: Après avoir éprouvé la dynamique profonde du récit où la venue, l’offrande, l’évocation de l’histoire me disposent à vivre pleinement le présent qui s’offre à moi. Je me sens en relation avec les autres dont je reçois et à qui je donne, à qui je peux demander et à qui je rends, chaque chose chaque être a sa juste place, la vie coule en moi et avec les autres. Je cherche dans ma mémoire des moments où j’ai vécu cet embrasement de la réalité. J’en rends grâce.

👉 Au terme de ce parcours,  je peux prendre le temps de me demander comment, dans ma vie, j’ai moi-même pu entrer en interdépendance pour la nourriture ou tout autre chose, en donnant, recevant, rendant, en osant demander… J’en parle avec le seigneur…

P. Jean-Luc Fabre, s.j, Directeur du Réseau Mondial de Prière du Pape France

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