Des martyrs d’aujourd’hui,
témoins de la vie plus forte que la mort

mars 2024

Les moines de Tibhirine, pour l’amour du peuple d’Algérie

Quand la guerre civile éclate en Algérie en 1992, la petite Église catholique, composée en majorité de coopérants et de travailleurs étrangers, est menacée. Une communauté de moines trappistes, avec leur prieur Christian de Chergé, est établie à Tibhirine où, depuis des décennies, elle a noué des liens très forts de prière, d’aide et d’amitié avec les habitants du village.

Avec la montée de l’insécurité, on leur demande d’accepter la protection de l’armée. Il est inconcevable pour eux de faire entrer des armes dans leur maison de prière et de paix. Face à la perspective d’un départ éventuel, ils prient ensemble longuement pour discerner la façon d’être fidèles au Dieu d’Amour dans ce pays, avec l’éventualité du martyre. Les sept moines seront enlevés et séquestrés durant plusieurs semaines et leurs têtes retrouvées en mai 1996.

 

L’évêque d’Oran, une parole forte

Pierre Claverie est né à Alger, au sein dans une famille pied-noir présente dans ce pays depuis quatre générations. Il choisit la vie religieuse, et est nommé évêque d’Oran en 1981. Homme de dialogue, il apprend l’arabe et devient un excellent connaisseur de l’islam. Il participe à de nombreuses rencontres entre chrétiens et musulmans. En raison des tensions politiques et armées, on lui demande de quitter le pays. Mais il refuse d’abandonner le peuple auquel il est indissolublement lié. Il refuse également de se taire, et n’hésite pas à critiquer publiquement, quand cela lui paraît nécessaire, le Front islamique du salut (FIS) ou le gouvernement algérien. Pierre Claverie se sait  menacé. Il meurt assassiné en même temps que son chauffeur et ami Mohamed Bouchikhi, un jeune Algérien musulman de 21 ans, en août 1996.

 

Célébrer la vie donnée pour un désir commun de paix

Les moines de Tibhirine et Pierre Claverie seront béatifiés en 2018 à Oran, en même temps que 18 autres martyrs d’Algérie, au cours d’une cérémonie rassemblant chrétiens et musulmans pour rappeler la volonté de dialogue entre eux, le désir commun de paix, et associant le souvenir de toutes les victimes.

La vidéo de l’émission Le Jour du Seigneur témoigne de la fécondité de la vie de ces martyrs et de la victoire de la vie, puisée au cœur de Dieu, plus forte que la mort.

 

Après avoir vu et écouté cette célébration, je suis attentif à ce que j’ai vu et entendu. Je peux me rappeler les attitudes qui m’ont particulièrement touché et peut-être aussi relire quelques-unes de leurs paroles…

La sœur de Mohammed : « Cette célébration est un grand jour pour nous tous, c’est pour l’Algérie aussi tout entière. Vous imaginez que pour un pays musulman c’est très important, c’est un message universel pour porter la paix. »

Soirée de recueillement en français et en arabe au cours de laquelle l’émotion est palpable, notamment lorsque le frère de Christian de Chergé lira le testament de son frère : « Je voudrais que ma communauté, mon Église, ma famille se souviennent que ma vie était donnée à Dieu et à ce pays, cette vie perdue, totalement mienne, totalement leur. Je rends grâce à Dieu pour cette joie-là ! »

Paul Dima, Réseau Mondial de Prière du Pape en France

 

 

 

 

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