La vie du Roi David, des repères pour apprendre à reconnaître la volonté de Dieu
juillet 2025
ÉCLAIRAGE BIBLIQUE. On parle souvent dans notre Église de discernement. Le défunt pape François l’a souvent évoqué dans ses encycliques pour nous inviter à la reconnaissance de la volonté de Dieu, à l’ouverture, à l’écoute, à la prise en compte de chaque homme dans sa réalité, sa singularité.
Mais de quoi parle-t-on ? Discerner c’est d’abord ressentir, ressentir ce qui se passe en nous, oser y prêter attention, le nommer. Prendre le temps de comprendre ce qui se joue, en quoi cela nous affecte, comment cela nous affecte. C’est-à-dire comment cela vient toucher notre lien aux autres, à Dieu, à nous même.
Si discerner c’est parfois choisir, c’est bien plus souvent s’ajuster, accepter dans le quotidien de reconnaître la trace du « bon esprit » aussi bien que celle du « mauvais esprit », reconnaître comment ce dernier s’y prend pour nous atteindre mais reconnaître aussi combien le « bon esprit » est présent auprès de nous – souvent à travers la parole de nos sœurs et frères en humanité – pour nous soutenir, nous aider à découvrir notre propre chemin, dans la mesure où nous acceptons d’y prêter attention.
Quatre épisodes de la vie du roi David, certes loin de notre quotidien, peuvent nous ouvrir à quelques points de repères.
1 – Discerner c’est laisser l’Esprit de Dieu faire son œuvre en nous
Cet Esprit vient aiguillonner notre cœur et notre intelligence ; cet Esprit dont Joseph Moingt disait que Dieu l’avait mis en chacun de nous « afin que nous le comprenions, lui, Dieu ».
C’est bien cet Esprit que le jeune David reçoit et accueille par la médiation de Samuel.
Samuel prit l’huile et en versa sur la tête de David, en présence de ses frères. L’Esprit du Seigneur se saisit de David et fut avec lui dès ce jour-là. [1 Samuel 16, 13]
Quelle est aujourd’hui la place de l’Esprit Saint dans ma prière ?
2 – Discerner c’est parfois se donner les moyens de poser un choix, de décider d’une action à mener
C’est ainsi que David devenu roi marche vers Maon pour combattre Nabal. Mais en chemin il s’arrête lorsqu’Abigaïl, femme de Maon, vient à sa rencontre. Il l’écoute, il l’entend, il se laisse mouvoir, il comprend l’injustice qu’il allait commettre, il reconnait qu’à travers les paroles d’Abigaïl c’est Dieu qui s’adresse à lui. L’esprit de David se laisse travailler par l’Esprit de Dieu.
David répondit à Abigaïl : « Je bénis le Seigneur, le Dieu d’Israël, qui t’a envoyée en ce moment à ma rencontre. Je te bénis aussi, toi qui, avec bon sens, m’as empêché d’en venir au meurtre et de me faire justice moi-même. Vraiment, aussi vrai que le Seigneur est vivant, le Dieu d’Israël qui m’a retenu de te faire du mal, je te l’affirme : si tu n’étais pas venue aussi rapidement à ma rencontre, demain à l’aube il ne serait plus resté un seul homme vivant dans la famille de Nabal ! … Retourne en paix chez toi. Tu vois j’ai entendu ta supplication et je l’accueille favorablement » [1 Samuel 25, 32b – 35]
Quelle est aujourd’hui ma disposition à me laisser interroger, à me laisser déplacer par la parole de l’autre ?
3 – David est un très grand roi, il à tout et veut plus encore
Il veut posséder Bethsabée et pour cela il n’hésite pas à envoyer Urie, son mari à la mort. Grâce à son pouvoir de roi, c’est sans recul, sans réflexion, sans discernement pourrait-on dire, qu’il assouvit son désir de mâle. Livré à lui-même, il ne prend pas conscience du pêché que porte son acte. Alors, envoyé par Dieu, arrive le prophète Natan. A travers la parabole de la brebis, il ouvre David à un discernement, certes timide puisqu’il faudra que Natan nomme lui-même la faute. Mais le cœur de David s’ouvre dans le chemin que lui propose Natan.
On ne peut pas toujours discerner de façon solitaire et même un grand roi peut avoir besoin d’un accompagnateur, d’un accompagnateur qui ose parfois, quand le discernement a du mal à se faire, une parole prophétique.
Ce que David avait fait déplut au Seigneur. Le Seigneur envoya le prophète Natan auprès de David. Natan entra chez le roi et lui dit : « Dans une ville, il y avait deux hommes, l’un riche et l’autre pauvre. Le riche avait de grands troupeaux de bœufs et de moutons. Le pauvre ne possédait qu’une seule petite brebis qu’il avait achetée. Il la nourrissait et elle grandissait chez lui, en même temps que ses enfants. Elle mangeait la même nourriture et elle buvait le même lait que lui, elle dormait tout près de lui. Elle était comme sa fille. Un jour, un visiteur arriva chez le riche. Celui-ci évita de prendre une bête de ses troupeaux pour le repas ; au contraire, il prit la brebis du pauvre et il l’apprêta pour son visiteur. » David fut pris d’une grande colère à cause de l’attitude du riche ; il dit à Natan : « Aussi vrai que le Seigneur est vivant, celui qui a fait cela mérite la mort ! Puisqu’il a agi ainsi, sans aucune pitié, il remplacera la brebis volée par quatre autres brebis ! » « Celui qui a fait cela, c’est toi ! répliqua Natan. [ …] David répondit à Natan : « Je suis coupable envers le Seigneur, je le reconnais ! » – « Puisqu’il en est ainsi, dit Natan, le Seigneur te pardonne ; tu ne mourras pas ! Seulement tu as gravement offensé le Seigneur c’est pourquoi l’enfant qui vient de naître mourra » [2 Samuel 12, 1 – 7a et 12 – 14]
Quelles paroles sont pour moi aujourd’hui des paroles prophétiques, des paroles qui m’aident à discerner la volonté de Dieu ?
4 – Accepter de se comporter comme un roi
A cause de son péché David a vu mourir le premier enfant de Bethsabée. Et voici que lors d’une bataille son troisième fils dont la mère est Maaca, Absalom ; lui qui s’était révolté contre son père est tué par Joab, général de l’armée de David. Ce dernier semble écrasé de douleur, en incapacité de se comporter comme un roi.
Se souvient-il de sa dignité après la mort du fils de Bethsabée ? Se laisse-t-il simplement déplacer par les paroles de Joab ?
La relecture de son vécu, l’écoute de la parole de l’autre l’ont probablement toutes deux conduit à prendre une juste décision : accepter de se comporter comme un roi.
Le roi David fut accablé. Il se rendit dans la pièce située au-dessus de la porte de la ville pour pleurer. Et tout en marchant, il criait : « Oh, mon fils Absalom, mon fils, mon fils, oh, mon Absalom ! Pourquoi ne suis-je pas mort à ta place ? Oh, Absalom, mon fils, mon fils ! »
On annonça à Joab que le roi pleurait et qu’il portait le deuil d’Absalom. Et ce jour-là, les soldats, au lieu de célébrer la victoire, furent accablés de tristesse. En effet, ils avaient appris, eux aussi, combien le roi était éprouvé par la mort de son fils. Ils rentrèrent en ville furtivement, comme des soldats honteux d’avoir abandonné une bataille. Quant au roi, le visage voilé, il continuait de crier : « Oh, mon fils Absalom, oh, Absalom, mon fils, mon fils ! » Joab vint trouver le roi et il lui dit : « En agissant ainsi aujourd’hui, tu couvres de honte tes soldats, qui t’ont sauvé la vie, ainsi qu’à tes fils, tes filles et toutes tes épouses. En effet, ton affection va à ceux qui te détestent, et ta haine à ceux qui t’aiment. Tu montres que les chefs de ton armée, et tous ceux qui te servent fidèlement, ne comptent pas pour toi. Oui, je vois : Si aujourd’hui nous étions tous morts, mais qu’Absalom soit encore en vie, tu trouverais cela très bien. Allons, ressaisis-toi maintenant, et va dire à tes soldats quelques mots d’encouragement. Si tu n’y vas pas, je te jure au nom du Seigneur qu’aucun d’eux ne restera un jour de plus à ton service. Ce serait là pour toi un malheur plus grand que tous ceux qui t’ont atteint depuis ta jeunesse. » Alors le roi s’installa près de la porte de la ville. On l’annonça aux soldats, qui vinrent tous se rassembler auprès de lui. [2 Samuel 19, 1 – 9]
Aujourd’hui quelle place de la relecture dans ma prière ? Est-elle une aide pour orienter mon quotidien ?
Christian Alessis, Réseau Mondial de Prière du Pape France