Le chemin de Ruth

janvier 2025

Prions pour que le droit à l’éducation des migrants, des réfugiés et des personnes touchées par la guerre soit toujours respecté et garantisse ainsi la construction d’un monde meilleur. 

 

Ruth, une femme du pays de Moab, part vivre en Israël pour aider Noémi, sa belle-mère veuve. Ruth deviendra la grand-mère de David, trouvant sa place dans la généalogie même de Jésus.

ÉCLAIRAGE BIBLIQUE. Le droit à l’éducation constitue un moyen essentiel pour aider à l’intégration de la personne migrante, et pour qu’elle puisse également contribuer par elle-même à la construction d’un monde meilleur au sein de son nouveau pays. Dans la Bible, le chemin de Ruth est exemplaire sur ce point. Cette femme du pays de Moab, elle-même veuve, ira vivre en Israël pour aider Noémi, sa belle-mère veuve, et deviendra, par-là, la grand-mère de David, trouvant sa place dans la généalogie même de Jésus.

 

Considérons ce chemin pour entrer dans la profondeur vitale de cette intention de début d’année. Prenons le temps de suivre son cheminement extérieur au long des quatre petits chapitres du livre de Ruth. Nous prenons appui sur la tétrade du Pape François : accueillir, protéger, promouvoir, intégrer.[Message pour la 104ème Journée mondiale du Migrant et du Réfugié 2018 (15 août 2017) | François] Nous pouvons percevoir alors comment les conditions extérieures aident ou non le cheminement intérieur de la personne.

 

Accueillir

Il s’agit toujours de commencer par accueillir une personne libre qui a décidé de venir chez nous, quelles que soient les circonstances. Ainsi Ruth choisit d’aller librement avec sa belle-mère à Bethléem. Écoutons sa déclaration et percevons la femme derrière le propos. Noémi consentira à l’accompagnement de sa bru.

Ruth répondit à Noémie : « Ne me force pas à t’abandonner et à m’éloigner de toi, car où tu iras, j’irai ; où tu t’arrêteras, je m’arrêterai ; ton peuple sera mon peuple, et ton Dieu sera mon Dieu. Où tu mourras, je mourrai ; et là je serai enterrée. Que le Seigneur me traite ainsi, qu’il fasse pire encore, si ce n’est pas la mort seule qui nous sépare ! » [Ruth 1 16-17]

 

Protéger

Ensuite l’enjeu est de permettre à la personne de pouvoir s’assumer, de se prendre en charge, d’accéder aux codes de la société, de s’ouvrir parce que protégée. C’est ainsi que Ruth assumant son gagne de pain et celui de Noémi rentre dans les codes de la maisonnée de Booz qui la protège. Par-là, elle peut exprimer sa qualité d’être.

Les serviteurs disent au maître Booz. Ruth nous a dit : “Laisse-moi glaner et ramasser ce qui tombe des gerbes, derrière les moissonneurs.” Depuis qu’elle est arrivée, elle est restée debout, depuis ce matin jusqu’à maintenant. C’est à peine si elle s’est reposée. » […] Alors Ruth se prosterna face contre terre et dit à Booz : « Pourquoi ai-je trouvé grâce à tes yeux, pourquoi t’intéresser à moi, moi qui suis une étrangère ? » Booz lui répondit : « On m’a dit et répété tout ce que tu as fait pour ta belle-mère après la mort de ton mari, comment tu as quitté ton père, ta mère et le pays de ta parenté, pour te rendre chez un peuple que tu n’avais jamais connu de ta vie. Que le Seigneur te rende en bien ce que tu as fait ! Qu’elle soit complète, la récompense dont te comblera le Seigneur, le Dieu d’Israël, sous les ailes de qui tu es venue t’abriter ! » Et Ruth lui dit : « Que je trouve toujours grâce à tes yeux, mon seigneur ! Oui, tu m’as consolée ; oui, tu as parlé au cœur de ta servante, à moi qui ne suis même pas comme l’une de tes servantes. » [Ruth 2 7 10-13]

 

Promouvoir

Dès lors, les libertés peuvent se déployer aussi bien celle du migrant que celle de la personne du pays. Promouvoir, donner un statut durable devient possible. Ainsi de Ruth s’offre à la possibilité d’être demandée en mariage par Booz, de devenir membre du peuple hébreu.

Il demanda : « Qui es-tu ? » Elle répondit : « C’est moi, Ruth ta servante. Étends sur ta servante le pan de ton manteau, car c’est toi qui as droit de rachat. » Alors, il dit : « Sois bénie du Seigneur, ma fille ! Ce geste d’attachement est encore plus beau que le premier : tu n’as pas recherché les jeunes gens, pauvres ou riches. Et maintenant, ma fille, n’aie pas peur ; tout ce que tu diras, je le ferai pour toi, car tout le monde ici sait que tu es une femme parfaite. [Ruth 3 9-11]

 

Intégrer

Dès lors la vie de Ruth se coule dans la vie du peuple, son enfant s’incorpore dans la lignée de Noémi. D’une certaine manière, Ruth se fond dans le paysage national. Elle s’intègre. Elle en fait totalement partie, c’est même comme si elle disparaissait dans sa différence. Il en va ainsi de bien des étrangers se coulant dans leur nouvelle nationalité, y apportant leur richesse propre.

Booz prit donc Ruth comme épouse, elle devint sa femme et il s’unit à elle. Le Seigneur lui accorda de concevoir, et elle enfanta un fils. Les femmes de Bethléem dirent à Noémi : « Béni soit le Seigneur qui aujourd’hui ne t’a pas laissée sans quelqu’un pour te racheter ! Que son nom soit célébré en Israël ! Cet enfant te fera revivre, il sera l’appui de ta vieillesse : il est né de ta belle-fille qui t’aime, et qui vaut mieux pour toi que sept fils. Noémi prit l’enfant, le mit sur son sein, et se chargea de l’élever.  [Ruth 4 13-16]

 

Une même logique est à l’œuvre aussi bien pour Ruth que pour les migrants d’aujourd’hui, dans la mesure où le droit à l’éducation leur est acquis. Ce droit permet leur expression dans leur nouvelle culture et le tissage de la vie à plusieurs.

Jean Luc Fabre Sj., directeur du Réseau Mondial de Prière du Pape France

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