Quand le suicide d’un proche devient un chemin de résilience pour ceux qui restent
novembre 2025

« Parler du suicide, c’est provoquer des souvenirs douloureux, indicibles, c’est oser parler de la douleur extrême de la personne qui a mis fin à ses jours et de ceux qui restent.
Le souci d’accompagner les personnes endeuillées, notamment par le suicide d’un proche, est une préoccupation grave et importante ; en effet, le suicide a des retentissements non seulement dans l’entourage proche, mais aussi dans toute la société. Chacun est concerné, de près ou de loin. L’expérience que je vous relate est celle d’un week-end organisé par des associations pour la parenté dont un fils, une fille, un cousin, un petit-fils, une nièce… s’est suicidé.
Un suicide n’est jamais réussi, il est malheureusement trop souvent abouti. La personne, même si elle a pris le temps d’écrire une explication, laisse surtout une énigme, une béance, pour ceux qui restent, car le suicide est toujours multifactoriel. Il peut y avoir un élément déclencheur, certes ! Ce n’est pas forcément une maladie, même s’il s’agit parfois du tragique aboutissement d’une maladie, de longues souffrances, d’un grand isolement intérieur.
Et pourtant…
L’émergence, la sortie relative de ce désastre pour le père, la mère, la parenté peut être extraordinaire et rendre « ces mêmes personnes acteurs de postvention » : il ne s’agit plus pour elle de prévention, mais toute l’énergie de leur vie est dorénavant tournée vers la nécessité d’un « jamais plus » pour toute l’humanité, bien souvent après des années d’une longue traversée périlleuse qui les a transformés. Le chemin est rude, mais la flamme intérieure qui brille désormais en elles les rend lumineuses et si humaines!
Pour toutes, la place d’amis vrais et sûrs, de Dieu parfois, d’une thérapie, du Christ crucifié, de la nature… ont été indispensables à leur relèvement. Leur générosité, leur sens du service, la profondeur de leur recueillement rendent ces « courageux de la traversée » très attachants et authentiques, souvent admirables…
Pas de prétention en eux, juste la certitude que la vie est le don le plus précieux… Que « tout ce qui n’est pas donné est perdu », comme le disait le Père Ceyrac. Alors, ensemble, continuer la route, comme nous le propose le prophète : « Ce que l’Éternel te demande, c’est que tu pratiques la justice, que tu aimes la miséricorde , que tu marches humblement avec ton Dieu »…
Et cela, nul ne peut s’en dispenser : nous sommes chacun attendus dans nos lieux de vie pour œuvrer à une vie humaine où, ensemble, nous pouvons donner à chacun sa place – petits et grands, jeunes et vieux – afin que plus personne ne soit un étranger pour l’autre… Puissions-nous découvrir et bâtir une fraternité concrète, c’est cela la véritable prévention…
Françoise , psychologue
