Un dialogue possible, même dans les plus grands conflits

Prions pour que les sociétés où la cohabitation est difficile ne succombent pas à la tentation de l’affrontement pour des motifs ethniques, politiques, religieux ou idéologiques.

ÉCLAIRAGE BIBLIQUE. Comment faire pour habiter cette terre de manière harmonieuse alors que tant de raisons poussent les êtres humains à s’affronter plus ou moins brutalement ? La parole de Dieu, à travers trois petits épisodes, montrent que lorsqu’une difficulté surgit, il existe un chemin pour éviter la violence.

Loth et Abraham : Que chacun ait une place [Genèse 13, 1-12]

Jusqu’alors Loth, le neveu d’Abraham, l’avait accompagné dans tout son périple. Mais voici que des querelles entre leurs bergers réciproques viennent mettre en péril leur bonne entente.

… [07] Il y eut des disputes entre les bergers d’Abram et ceux de Loth. Les Cananéens et les Perizzites habitaient aussi le pays.

[08-09] Abraham dit à Loth : « Surtout, qu’il n’y ait pas de querelle entre toi et moi, entre tes bergers et les miens, car nous sommes frères ! N’as-tu pas tout le pays devant toi ? Sépare-toi donc de moi. Si tu vas à gauche, j’irai à droite, et si tu vas à droite, j’irai à gauche. 

… [12] Abram habita dans le pays de Canaan, et Loth habita dans les villes de la région du Jourdain ; il poussa ses campements jusqu’à Sodome.

Abraham souhaite par-dessus tout préserver le lien familial qui les unit. Constatant qu’ils ne disposent pas chacun d’un espace suffisant pour vivre, lui, le plus âgé, fait preuve de sagesse en reconnaissant qu’une prise de distance sera salutaire pour maintenir la communion.

Néhémie : Lutter contre l’injustice [Néhémie 5, 1-12]

Néhémie entreprend la remise en état de la muraille de Jérusalem détruite par les Babyloniens. Tous les Juifs sont invités à participer au chantier à tel point que certains, n’ayant plus le temps de s’occuper de leurs propres affaires, se trouvent réduits à une grande pauvreté tandis que d’autres profitent de cette situation pour les exploiter.

[01] Il s’éleva alors une grande plainte des gens du peuple et de leurs femmes contre leurs frères juifs.

… [05] Pourtant, nous sommes de la même chair que nos frères, nos enfants valent les leurs, et nous devons livrer en esclavage nos fils et nos filles ; il en est, parmi nos filles, qui déjà sont asservies ! Nous n’y pouvons rien, puisque nos champs et nos vignes sont à d’autres. »

[06-07] Je fus saisi d’une grande colère quand j’entendis leur plainte et de telles paroles. Je pris la décision d’admonester notables et magistrats ; je leur dis : « Quel est ce fardeau que vous faites peser sur vos frères ? » Et je convoquai contre eux une grande assemblée.

… [09-10] Je poursuivis : « Ce que vous faites là n’est pas bien. Ne devez-vous pas marcher dans la crainte de notre Dieu, pour éviter l’insulte des nations, nos ennemis ? Moi aussi, mes frères et mes serviteurs, nous leur avons prêté de l’argent et du froment. Eh bien ! Remettons-leur cette dette.

… [12] Ils répondirent : « Nous le rendrons, et nous n’exigerons plus rien d’eux ; nous agirons comme tu l’as dit. » Je convoquai les prêtres et je leur fis jurer d’agir selon cette parole.

Néhémie prend en compte les revendications des plus pauvres. Il provoque une rencontre et met en lumière l’injustice, source de division alors que le peuple juif, après la dispersion de la déportation à Babylone, devrait reconstruire son unité comme il le fait pour la muraille. Devant tous, les notables renoncent à leur enrichissement indu.

Trouver ensemble une solution [Actes 6, 1-6]

Au début du livre des Actes des Apôtres, la vie de la première communauté chrétienne est décrite comme exemplaire, mais assez rapidement la bonne volonté laisse place à des dissensions.

[01] En ces jours-là, comme le nombre des disciples augmentait, les frères de langue grecque récriminèrent contre ceux de langue hébraïque, parce que les veuves de leur groupe étaient désavantagées dans le service quotidien.

[02-06] Les Douze convoquèrent alors l’ensemble des disciples et leur dirent : « Il n’est pas bon que nous délaissions la parole de Dieu pour servir aux tables. Cherchez plutôt, frères, sept d’entre vous, des hommes qui soient estimés de tous, remplis d’Esprit Saint et de sagesse, et nous les établirons dans cette charge. En ce qui nous concerne, nous resterons assidus à la prière et au service de la Parole. » Ces propos plurent à tout le monde, et l’on choisit : Étienne, homme rempli de foi et d’Esprit Saint, Philippe, Procore, Nicanor, Timon, Parménas et Nicolas, un converti au judaïsme, originaire d’Antioche. On les présenta aux Apôtres, et après avoir prié, ils leur imposèrent les mains.

Les Apôtres ne traitent pas à la légère ce problème qui divise les croyants selon leur langue. Ils portent la question à la connaissance de tous au cours d’une assemblée plénière. C’est cette assemblée et non eux-mêmes qui choisit sept délégués, dont les noms sont tous d’origine grecque, pour veiller à un service équitable.

Trois pas à retenir pour notre prière

Méditer sur notre fraternité universelle. C’est elle qui fonde le droit de chacun à vivre sur cette terre et dans chaque texte, c’est au nom de ce lien que le conflit est évité.

Envisager la responsabilité de médiateur. Lorsque quelqu’un prend en compte les désaccords, écoute les doléances, une assemblée peut se tenir, une parole peut circuler.

Chercher les compromis, les solutions qui respectent chacune des parties et qui laissent les personnes en paix

Marianne Cébron, Réseau Mondial de Prière du Pape France